Netsuke
Le netsuke est un objet vestimentaire respectant les traditions japonais permettant de maintenir les sagemono. Le mot se décompose étymologiquement en ?, et ?.
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Le netsuke (???) est un objet vestimentaire respectant les traditions japonais permettant de maintenir les sagemono (littéralement «objets suspendus»). Le mot se décompose étymologiquement en ? (ne, racine), et ? (tsuke, attacher).
Sur le plan artistique, il n'est pas exagéré de dire que le netsuke représente la tradition artistique naissante du Japon[1].
Aspect fonctionnel
Le kimono n'ayant pas de poche, les différents objets usuels — matériel pour écrire (yatate), la bourse, l'étui à pipe (kiseru-zutsu ), la boîte à médicaments ou à sceaux (inrō) ou la boucle de l'obi (obidome ) — sont transportés dans des sortes de petites boîtes dénommées sagemono. Ces objets sont suspendus à l'obi de leur propriétaire par une cordelette. Le netsuke, positionné au dessus du bord supérieur de l'obi permet de maintenir le sagemono tel un taquet.
Historique
Le netsuke semble avoir été utilisé en premier lieu en Chine, au XVIe siècle. Il est ensuite exporté au Japon où il apparaît pour la première fois à l'époque Fujiwara (889-1185). Il permet de retenir le sachet contenant une pierre à briquet (hiuchi-bukuro) qui permet d'allumer un feu, la nuit, afin d'écarter les animaux sauvages[1].
La date d'apparition du netsuke au Japon est mal connue. Pour certains ce serait au cours de la période Tokugawa ou Yoritomo (1148-1199), pour d'autres au cours de l'époque de Muromachi des shoguns Ashikaga (1335-1573) [2]. pour d'autres, enfin, plus tardivement toujours, à l'époque Azuchi Momoyama de Hideyoshi Toyotomi (1574-1602), Cependant, c'est à la période Kamakura (1185-1333) qu'on en retrouve des traces certaines.
À l'époque Kamakura, l'usage du hiuchi-bukuro couvre aux bourses (kinchaku) contenant l'argent et les médicaments puis les rosaires[1].
Avec le temps, les bourses en tissu font place aux bourses en cuir (doran) et enfin aux inrō.
Le netsuke évolue lui aussi. Au cours de toute la (Période Edo), il connaît un essor important. Tandis que l'ostentation des richesses est réprimée et que l'aspect vestimentaire est strictement contrôlé par les lois du shogun, c'est un simple morceau de bois ou de bambou sans forme spécifique ou encore un coquillage percé pour laisser passer la cordelette qui ferme la bourse. Il se porte passé dans l'obi. Avec l'enrichissement d'une partie de la population, les netsuke sont faits de matériaux de plus en plus onéreux et richement sculptés portés discrètement à l'obi de leur propriétaire.
À partir de l'ère Meiji le Japon s'ouvre au monde occidental. Le kimono est progressivement abandonné au profit des vêtements occidentaux plus faciles à porter et pourvus de poches. Ce changement d'habitudes entraîne, à terme, la disparition de ce petit objet dans son utilisation primitive. Cependant, de nombreux netsuke-shi (sculpteurs de netsuke) continuent de sculpter ces pièces respectant les traditions pour l'exportation en direction de l'Occident où il est particulièrement prisé et aussi pour une demande intérieure persistante. En effet, les japonais mettent un point d'honneur à arborer habituellement un inrō lors des grandes occasions.
Le matériau
Le matériau dont est fait le netsuke conçu pour retenir un inrō doit être léger pour ne pas abîmer la surface laquée de ce dernier. Il est alors fait de laque ou de rostre de narval. A contrario, pour les netsuke conçus pour accrocher des bourses en tissu ou en cuir, le poids importe peu.
L'artiste utilise essentiellement le bois, matériau abondant sur place et bon marché. Presque simultanément apparaît l'usage de la corne de cerf (matériau abondant au Japon, solide mais complexe à travailler) et l'os. C'est au cours du XVIIIe siècle que l'usage de l'ivoire se généralise progressivement. que ce soit l'ivoire d'éléphant et/ou l'ivoire «marin» (dent de narval, de morse, de cachalot). Il existe bien quelques netsuke en pierre brute mais la pierre sculptée semble être l'apanage des Chinois.
Le bois
Le bois est le matériau de prédilection pour les netsuke-shi : ébène, cyprès, paulownia, bambou, etc. Bon marché, il existe en grande quantité dans la nature. Parmi l'ensemble des essences le buis reste le plus fréquemment utilisé. Il est dur par conséquent résistant à l'usage mais se prête bien à la sculpture. Certains netsuke en bois seront peints ou laqués. D'autres seront simplement vernis.
La corne de cerf
C'est un matériau particulièrement complexe à travailler car particulièrement dur. Il présente en outre de nombreuses zones spongieuses que l'artiste devra éliminer au maximum au cours du travail de sculpture. Par contre, il est bon marché car on trouve l'animal sur place.
L'ivoire
Il n'y a pas d'éléphant au Japon. L'ivoire est importé de Chine ou de Corée. C'est par conséquent un matériau cher et par conséquent réservé aux personnes les plus fortunées. Mais il est plus facile à travailler que la corne de cerf car moins dur et d'une texture plus uniforme. Par contre, il s'use plus aisément à l'usage et perd progressivement ses reliefs.
Autres matériaux
- La porcelaine
- Le laque
- Le métal. Ce dernier matériau est plutôt utilisé avec les blagues à tabac en cuir. Il est évité avec les inrō en laque car il pourrait abîmer le revêtement en le heurtant.
- Le cuir
- La pierre brute (c'est-à-dire non sculptée mais naturellement polie) «montée» sur un anneau servant à passer une cordelette. Il est aussi à proscrire avec l'usage de l'inrō.
- L'écaille de tortue
- Les coques de noix ou de noisette
- Le bec de Calao. La face externe couleur de l'ivoire possède par endroits des plages de couleur allant du rouge franc au rouge orangé. Bien utilisée, cette particularité permet des effets étonnants : masque d'un individu grimaçant et rouge de colère, masque d'un autre individu aux cheveux roux, etc. Ce matériau est cependant rare.
- Le corail
- L'ambre
Les netsuke sont fréquemment classés selon le matériau dont ils sont issus.


Les différents thèmes
Il faut au sculpteur à peu près deux à trois mois pour réaliser une belle pièce. La majorité du temps, il s'agit de la représentation d'un animal. Non seulement les animaux du Zodiaque[3] mais également ceux rencontrés dans la vie courante.
À côté de ce bestiaire, on trouve aussi des animaux mythologiques : dragons, Shishis (chien de Fō), les kappa ou encore des personnages mythologiques (Hoteï, Shôki, Ashinaga, Tenaga, Daruma, Otofuku (encore nommée Okame ou Uzume) ou Fukurokuju), des personnages de la vie courante (pêcheurs, marchands, samouraïs) ou ceux ayant existé par le passé (Kwanyu).
Une catégorie à part est constituée par les masques (acteurs du théâtre nô ou kabuki, Otafuku, etc).
Les types de netsuke
Un netsuke peut être de différentes formes mais il se distingue toujours par sa petite taille (entre 3 et 8 cm) et par les himotoshi (deux petits trous communiquant servant à faire passer la cordelette dans le netsuke).
Le netsuke doit être compact, sa surface lisse, exempte d'aspérités qui pourraient blesser le propriétaire ou déchirer son kimono.
Les netsuke sont sculptés suivant la technique dite en «ronde-bosse».
- Ichiraku netsuke : ce sont des netsuke tressés (lanières de bambou, canne, fil métallique). Ils ont des formes variées. Un d'entre eux, en forme de cendrier couvert (kurawa), est utilisé comme tel.
- Kagamibuta (aussi nommés kanabuta dans les régions d'Osaka et de Kyoto), netsuke constitué de deux parties :
- Un cercle en ivoire enserrant
- Un disque de métal fait de différents alliages et décoré selon diverses techniques : gravure à l'eau-forte, incrustation, laque, sculpture en relief, dorure à la feuille, etc. [4].
L'intérêt du kagamibuta réside plus dans le travail du métal que dans celui du pourtour (encore qu'on trouve des cercles admirablement sculptés). Pour cette raison, nombre de kagamibuta ont été sculptés par des fabricants de sabres qui avaient perdu leur travail après que la loi, édictée à l'époque Meiji, eut interdit le port du sabre. Un œillet localisé au verso du disque sert à passer la cordelette de l'inrō.
Les kagamibuta ont en particulier été réalisés au cours de l'ère Ansei (1854-1859).
- Katabori : netsuke en forme d'êtres humains ou d'animaux. Les surfaces en sont planes.
- Manju netsuke : netsuke de forme arrondi et aplatie. Il est ainsi appelé à cause de sa forme générale qui n'est pas sans rappeler celle du gâteau japonais du même nom. Il est fait à partir de divers matériaux (ivoire, corne, bois, bambou, etc). Généralement plein, le décor est appliqué à la surface soit par sculpture directe en relief, soit par gravure à l'eau-forte. Il peuvent être composés de deux parties de taille semblable qui sont ensuite assemblées. À côté de ces formes rondes, typiques, cœxistent des formes carrées ou ovales. le passage de la cordelette est assuré par un anneau fixé sur le netsuke ou, plus fréquemment, par des trous de himotoshi .
Les manju ont été en particulier réalisés au cours de la période Meiji.
- Ryusa netsuke : c'est une variété spécifique de manju. Les différentes arabesques, fleurs et/ou oiseaux qui le composent sont obtenus en taillant et en perforant le matériau. Quand il est en deux parties, le ryusa netsuke est souvent ajouré sur une roue de potier. Dans le cas opposé, il est évidé et sculpté aux couteaux. Cette technique a été mise au point au cours de la période Edo par un sculpteur appelé Ryusa.
- Sashi netsuke : ce sont des netsuke de forme allongée comme un poignard. Leur longueur est de dix centimètres, ou alors plus. Ils se portent poussés au sein de la ceinture. Certains les considèrent comme une poignée de sac.
![]() Netsuke en forme de masque |
![]() Netsuke à secret |
![]() Netsuke anabori |
![]() Nestuke kagamibuta |
![]() Netsuke katabori |
![]() Netsuke en manjū |
![]() Netsuke ryusa |
![]() Netsuke en sashi |
Glossaire
- Azana : surnom
- Chomei : signature sculptée
- Go : pseudonyme d'artiste. Un artiste peut choisir plusieurs pseudonymes au cours de sa vie
- Hanko : cf. in
- In : sceau (à cacheter) imprimé
- Inkoku : caractères ressemblant à ceux d'un sceau et sculptés sur l'œuvre d'art pour simuler un sceau
- Kaimyo : nom posthume. Ce nom est conféré à l'issue d'une cérémonie Bouddhique après la mort
- Kaisho : caractères quadrangulaires imprimés sur l'objet.
- Kakihan ou kao : sceau sculpté. Le kakihan est fréquemment accompagné de la signature de l'artiste et ne pose alors aucun problème d'identification. Un kakihan isolé est impossible à identifier à moins que l'artiste ne soit particulièrement connu.
- Kanji : caractères Chinois que les japonais utilisent dans l'écriture
- Kao : cf. kakihan
- Kondoku : caractères chinois utilisés dans le langage japonais
- Mei : nom avec lequel l'artiste signe ses œuvres. Chomei n'est utilisé que pour les sculpteurs tandis que mei s'applique à l'ensemble des artistes.
- Mosha : fac similé de la signature
- Na : nom donné
- Ondoku : prononciation japonaise de caractères chinois
- Raku-in : énormément semblable à yaki-in. La signature est gravée sur un sceau en cuivre et appliqué sur l'œuvre à chaud.
- Sosho : écriture cursive
- Tensho : style d'écriture utilisée pour l'impression avec un sceau
- Tsusho : nom sous lequel l'artiste est connu
- Uji : nom de famille
- Yago : raison sociale. Ces noms se terminent toujours par le suffixe ya.
- Yaki-in : nom apposé à chaud. Généralement sur les porcelaines ou les poteries.
- Yomyo : nom donné à un enfant avant l'âge adulte
Vocabulaire
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Notes et références
- ↑ a b c The Netsuke Handbook, Ueda Reikichi adapté par Raymond Bushell 1961, Charles E. Turtle Company of Rutland, Vermont & Tokyo, Japan.
- ↑ Pour Kyuchi Takeuchi, «les netsuke étaient déjà utilisés au cours de la période Ashikaga pour suspendre les clés à la ceinture [du kimono]. À cette époque, les netsuke étaient aussi des sceaux [à cacheter] en ivoire nommés tobutsu (articles chinois). Même le décors de ces pièces étaient de style chinois (tōbutsu, karamono).»
- ↑ Il faut signaler à ce propos la représentation fréquente du tigre. Cet animal fait partie des animaux du zodiaque mais n'existe pas au Japon. C'est une «importation» chinoise
- ↑ Le relief est obtenu en frappant l'envers de la plaque de métal avec une boule, elle aussi métallique, fixée au bout d'un balancier. En appuyant avec le doigt à l'autre extrémité du balancier, on lève la boule qu'on lâche ensuite afin qu'elle vienne heurter la plaque de métal.
Bibliographie
- Fables in Ivory, Adrienne Barbanson, 1961, Charles E. Turtle Company of Rutland, Vermont & Tokyo, Japan
- Japanese Treaure Tales, kusumasaku Tomita & G. Ambrose Lee, 1906
- Ko-ji Ho-ten, V. F. Weber, 1923
- L'Art Japonais, L. Gonse, 1983 (deux volumes)
- Legend in Japanese Art, Henri L. Joly, 1928 (réimpression 1967, 5e édition 1976 , Charles E. Turtle Company of Rutland, Vermont & Tokyo, Japan
- Le Japon, Éditions Odé : Le Monde en couleurs, 1954
- Meeting with Japan, Fosco Maraini, 1959
- Netsuke, F. M. Jonas, 1928 (réimpression 1960)
- Netsuke, Neil K. Davey, 1974, New York, Sotheby Parke Bernet
- Netsuke, a miniature Art of Japan, Yuzuru Okada, 1951
- Netsuke Collectors, Raymond Bushell, 1975, New York, John Weatherhill, Inc
- Netsuke Familiar & Unfamiliar, Raymond Bushell, 1975, New York, John Weatherhill, Inc
- The Animal in Far Easter Art, T. Volker, 1950
- The Art of the Netsuke Carver, F. Meinertzhagen, 1956
- The Netsuke Handbook, Ueda Reikichi adapté par Raymond Bushell 1961, Charles E. Turtle Company of Rutland, Vermont & Tokyo, Japan
- The netsuke of Japan, Egerton Ryeson, 1958
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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 27/05/2009.
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